SARKO à Villepinte – A la recherche du peuple perdu
Dimanche 11 mars, lors de son meeting de Villepinte, Nicolas Sarkozy n’a reculé
devant aucun artifice matériel ou verbal pour se faire passer pour celui qu’il n’est pas : le
candidat du « peuple de France ».
Lui qui n’a eu de cesse au cours de ces cinq dernières années d’être le Président des riches, le
chef du clan UMP, lui qui n’a pas hésité à placer des affidés à tous les postes à responsabilités
de l’Etat, repousse aujourd’hui toute velléité d’esprit partisan, et prétend n’avoir pour seule
préoccupation que l’intérêt général et vouloir agir au service de tous les Français. Rappelons
également que celui qui affirme aujourd’hui que les Français « veulent la récompense du
mérite et la récompense de l’effort » a tenté de placer son fils Jean Sarkozy à la tête de
l’EPAD (Etablissement Public d’Aménagement de la Défense).
Dimanche, Nicolas Sarkozy nous a assuré qu’il a « compris », qu’il a « appris »,
et a souhaité se positionner en homme providentiel au milieu des « crises », qui pour le
moment ne lui ont servi que d’alibis bien pratiques pour justifier son inaction politique. Pire,
dimanche, le président-candidat a tenu un discours aux accents paternalistes et populistes,
fustigeant une fois de plus les corps intermédiaires, les syndicats. Prônant un lien direct avec
le peuple, il a même ressuscité le césarisme démocratique, une pratique que l’on croyait
remisée avec le triomphe de la République.
Déjà la semaine passée, en liant son avenir politique au résultat de l’élection présidentielle, en
dévoyant ce moment politique décisif transformé en plébiscite, il avait donné le ton de cette
nouvelle rupture qu’il nous promet. Ne nous y trompons pas, il s’agit bien là d’une profonde
régression démocratique, et nous pourrions inviter le président-candidat à relire – ou plutôt
à lire – les écrits d’Alexis De Tocqueville qui, au XIXe siècle, avait mis en garde contre le
risque d’un « despotisme doux et prévoyant » lorsque les corps intermédiaires ne sont plus
actifs au sein d’une société démocratique. Précisément, ce sont ces corps intermédiaires qui
sont les garants les plus précieux de la liberté des citoyens.
En outre, il faut se souvenir que celui qui feint aujourd’hui de découvrir les vertus du
référendum, n’a pas jugé utile d’y recourir pour demander aux Français leur avis sur le traité
de Lisbonne, qui reprend pour l’essentiel le traité rejeté en 2005 par ces mêmes Français.
Dimanche, on attendait surtout de ce grand rassemblement – qui a mobilisé des
moyens colossaux – que le président-candidat nous présente enfin son bilan, et nous propose
son projet pour la France. Au lieu de cela, nous avons eu droit aux chiffons rouges habituels :
l’assistanat et l’immigration. Pourtant, jamais à court d’idées, Nicolas Sarkozy nous avait
réservé une surprise pour le moins inattendue, en plaçant les accords de Schengen au cœur de
ses préoccupations, à l’heure où celles des Français semblent être toutes différentes.
De surcroît, celui qui se dit obsédé par le mensonge et prétend vouloir tenir un discours de
vérité aux Français est lourdement frappé de discrédit lorsque l’on sait que Claude Guéant n’a
pas jugé utile de participer à une réunion qui traitait de l’espace Schengen le 8 mars dernier à
Quant au bilan de sa présidence, apparemment, nul besoin de s’y risquer, puisque tout
est de la faute des autres chez Nicolas Sarkozy, et il ne lésine pas avec les coupables : la
gauche, l’Europe, la technocratie, le monde. Mais qui préside la France depuis plus de 10
ans ? Ne serait-ce pas la droite ? Qui prend les décisions en Europe ? Jamais la construction
européenne n’aura été aussi peu fédérale que ces dernières années, au cours desquelles les
Etats ont largement repris la main, et abandonné l’idéal européen au profit de politiques
d’austérité qui oppriment un à un les peuples d’Europe.
On aurait pourtant pu se réjouir que la question de l’Europe devienne un enjeu central de la
campagne présidentielle, surtout après les vaines polémiques lancées ces dernières semaines
par la droite pour éviter de s’aventurer sur le terrain des propositions concrètes. Mais ce
sont de bien sombres perspectives européennes que nous a esquissées Nicolas Sarkozy. Ce
prétendu grand sauveur de la France, de l’Europe, de l’humanité, à en croire ses propos,
utilise l’Europe pour nous parler maîtrise des frontières, et menacer d’adopter une stratégie
de chantage face à nos partenaires européens. Ce discours avait donc peu à voir avec l’Europe
pionnière, exemplaire, progressiste, boussole pour le reste du monde, qui était celle imaginée
par les pères fondateurs, Jean Monnet et Robert Schuman, auxquels il n’a pourtant pas hésité
Habile dans l’art du clivage permanent, le président-candidat continue pendant sa
campagne d’attiser toutes les passions, évoquant les « mémoires blessées », la figure de
la « victime », la religion, privilégiant ainsi la mémoire qui divise, quand l’histoire rassemble,
bafouant la justice publique au profit d’une justice privée, dévoyant la laïcité. Au final, la
République en sort bien ébranlée.
devant aucun artifice matériel ou verbal pour se faire passer pour celui qu’il n’est pas : le
candidat du « peuple de France ».
Lui qui n’a eu de cesse au cours de ces cinq dernières années d’être le Président des riches, le
chef du clan UMP, lui qui n’a pas hésité à placer des affidés à tous les postes à responsabilités
de l’Etat, repousse aujourd’hui toute velléité d’esprit partisan, et prétend n’avoir pour seule
préoccupation que l’intérêt général et vouloir agir au service de tous les Français. Rappelons
également que celui qui affirme aujourd’hui que les Français « veulent la récompense du
mérite et la récompense de l’effort » a tenté de placer son fils Jean Sarkozy à la tête de
l’EPAD (Etablissement Public d’Aménagement de la Défense).
Dimanche, Nicolas Sarkozy nous a assuré qu’il a « compris », qu’il a « appris »,
et a souhaité se positionner en homme providentiel au milieu des « crises », qui pour le
moment ne lui ont servi que d’alibis bien pratiques pour justifier son inaction politique. Pire,
dimanche, le président-candidat a tenu un discours aux accents paternalistes et populistes,
fustigeant une fois de plus les corps intermédiaires, les syndicats. Prônant un lien direct avec
le peuple, il a même ressuscité le césarisme démocratique, une pratique que l’on croyait
remisée avec le triomphe de la République.
Déjà la semaine passée, en liant son avenir politique au résultat de l’élection présidentielle, en
dévoyant ce moment politique décisif transformé en plébiscite, il avait donné le ton de cette
nouvelle rupture qu’il nous promet. Ne nous y trompons pas, il s’agit bien là d’une profonde
régression démocratique, et nous pourrions inviter le président-candidat à relire – ou plutôt
à lire – les écrits d’Alexis De Tocqueville qui, au XIXe siècle, avait mis en garde contre le
risque d’un « despotisme doux et prévoyant » lorsque les corps intermédiaires ne sont plus
actifs au sein d’une société démocratique. Précisément, ce sont ces corps intermédiaires qui
sont les garants les plus précieux de la liberté des citoyens.
En outre, il faut se souvenir que celui qui feint aujourd’hui de découvrir les vertus du
référendum, n’a pas jugé utile d’y recourir pour demander aux Français leur avis sur le traité
de Lisbonne, qui reprend pour l’essentiel le traité rejeté en 2005 par ces mêmes Français.
Dimanche, on attendait surtout de ce grand rassemblement – qui a mobilisé des
moyens colossaux – que le président-candidat nous présente enfin son bilan, et nous propose
son projet pour la France. Au lieu de cela, nous avons eu droit aux chiffons rouges habituels :
l’assistanat et l’immigration. Pourtant, jamais à court d’idées, Nicolas Sarkozy nous avait
réservé une surprise pour le moins inattendue, en plaçant les accords de Schengen au cœur de
ses préoccupations, à l’heure où celles des Français semblent être toutes différentes.
De surcroît, celui qui se dit obsédé par le mensonge et prétend vouloir tenir un discours de
vérité aux Français est lourdement frappé de discrédit lorsque l’on sait que Claude Guéant n’a
pas jugé utile de participer à une réunion qui traitait de l’espace Schengen le 8 mars dernier à
Quant au bilan de sa présidence, apparemment, nul besoin de s’y risquer, puisque tout
est de la faute des autres chez Nicolas Sarkozy, et il ne lésine pas avec les coupables : la
gauche, l’Europe, la technocratie, le monde. Mais qui préside la France depuis plus de 10
ans ? Ne serait-ce pas la droite ? Qui prend les décisions en Europe ? Jamais la construction
européenne n’aura été aussi peu fédérale que ces dernières années, au cours desquelles les
Etats ont largement repris la main, et abandonné l’idéal européen au profit de politiques
d’austérité qui oppriment un à un les peuples d’Europe.
On aurait pourtant pu se réjouir que la question de l’Europe devienne un enjeu central de la
campagne présidentielle, surtout après les vaines polémiques lancées ces dernières semaines
par la droite pour éviter de s’aventurer sur le terrain des propositions concrètes. Mais ce
sont de bien sombres perspectives européennes que nous a esquissées Nicolas Sarkozy. Ce
prétendu grand sauveur de la France, de l’Europe, de l’humanité, à en croire ses propos,
utilise l’Europe pour nous parler maîtrise des frontières, et menacer d’adopter une stratégie
de chantage face à nos partenaires européens. Ce discours avait donc peu à voir avec l’Europe
pionnière, exemplaire, progressiste, boussole pour le reste du monde, qui était celle imaginée
par les pères fondateurs, Jean Monnet et Robert Schuman, auxquels il n’a pourtant pas hésité
Habile dans l’art du clivage permanent, le président-candidat continue pendant sa
campagne d’attiser toutes les passions, évoquant les « mémoires blessées », la figure de
la « victime », la religion, privilégiant ainsi la mémoire qui divise, quand l’histoire rassemble,
bafouant la justice publique au profit d’une justice privée, dévoyant la laïcité. Au final, la
République en sort bien ébranlée.
Nicolas Sarkozy voudrait se faire passer pour un autre dans cette campagne. Il reste pourtant
ce qu’il a toujours été. Après cinq années comme Chef de l’Etat, il ne peut pas nous refaire le
coup du « j’ai changé » qu’il a si souvent instrumentalisé. Laurent Fabius avait visé juste la
semaine passée : le bilan de Nicolas Sarkozy, c’est effectivement son boulet.
Libérons-le de ce poids, et faisons le choix du changement avec François HOLLANDE dès le 22 avril prochain.