Une prime pour les salariés, Noël avant l’heure ?
Le Président de la République aurait-il inversé le calendrier chrétien, lui qui d’habitude se
montre si prompt à vanter les « racines chrétiennes » de la France ? En effet, en pleine période
de Pâques, voici qu’il nous fait part de sa volonté d’instaurer une « prime » pour les salariés,
sorte de récompense à tous ceux qui n’ont pas attendu qu’on les exhorte à « travailler plus
pour gagner plus » pour afficher une productivité exemplaire.
Quatre ans après l’élection du candidat du pouvoir d’achat à la plus haute fonction de l’Etat,
et à un an des élections présidentielles, cette proposition aux contours imprécis, lancée dansla précipitation, a toutes les allures d’une nouvelle chimère. Une fois de plus, les effets d’annonce, déployés dans la plus complète cacophonie, servent à vanter les qualités supposées de l’hôte de l’Elysée, à savoir son volontarisme, esquivant les véritables enjeux.
Car si l’on ne peut que se satisfaire d’une prise de conscience générale de la nécessité d’un
meilleur partage de la valeur ajoutée, on peut difficilement croire qu’une prime, qui plus
est encore indéfinie dans son montant et ses modalités d’attribution, pourra résoudre les
problèmes des Français.
Rétribuer le travail à sa juste valeur et garantir le bien-être et la dignité de nos concitoyens ne
relèvent pas d’une simple formule incantatoire. Cela requiert au préalable une reconnaissance
du rôle de chacun au sein de la société, afin qu’elle soit véritablement intégrée, afin d’ouvrir
un dialogue serein et à armes égales réunissant l’ensemble des acteurs concernés, pour répartir
enfin équitablement les richesses.
La nouvelle lubie sarokozyenne semble pour sa part présenter tous les aspects d’une solution
inique et insuffisante, renforçant un peu plus la division entre salariés, et rognant encore
davantage la cohésion nationale.
Gageons que la campagne présidentielle qui se profile sera l’occasion d’un débat constructif
et utile sur ce terrain, débouchant sur des propositions crédibles, pour que les Français
puissent retrouver la fierté d’un modèle social chaque jour assailli et malmené.